Le marché retrouve des couleurs
Les mauvaises conditions de semis des céréales à paille à l’automne 2023 et au printemps 2024 ont profité à la sole de maïs. Mais un recul l’an prochain est anticipé, du fait du rééquilibrage des assolements.
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Les implantations de maïs ont fortement progressé en 2024, pour atteindre 2,9 Mha. Cette augmentation de 13 % par rapport à l’an dernier est conjoncturelle. Elle est en effet liée aux difficultés de semis des céréales à paille à l’automne 2023 et au printemps 2024 en raison des pluies importantes. Les surfaces de blés et d’orges ont ainsi été converties vers d’autres cultures, maïs grain en tête. Ce dernier grimpe à 1,54 Mha, soit une hausse exceptionnelle de 20 % en moyenne par rapport à la campagne précédente. « Ce sont surtout dans les zones du Grand Ouest, où les aléas climatiques ont été très forts, que le maïs grain a le plus progressé », résume Rémy Merceron, de KWS France. C’est le cas notamment en Vendée, au sud du Maine-et-Loire, dans le nord des Deux-Sèvres… Le maïs fourrage est lui relativement stable, à 1,29 Mha. Il a moins profité du changement forcé des assolements.
Hausse des précoces
« Les semis se sont déroulés sur une longue période, jusqu’au mois de juin, ce qui est exceptionnel, indique Pauline Boussin-Fort, chez Bayer-Dekalb. Nous avons ainsi observé des modifications de commandes de nos clients, car certains agriculteurs ont dû changer de semences pour avoir des variétés plus précoces. La campagne de réapprovisionnement a été beaucoup plus longue que d’habitude. Nous avons encore pris des commandes en mai, ce qui n’arrive quasiment jamais. »
En grain, tous les groupes de précocité ont progressé, mais les maïs G1 (précoce) et G2 (demi-précoce) sont ceux qui ont le plus bénéficié du report des surfaces non emblavées en céréales à paille. Les G1 progresseraient de 40 % par rapport à 2023 et les G2 de 15 %. Logiquement, les plus tardifs augmentent moins. Pour le fourrage, les variétés demi-précoces ont gagné des surfaces au détriment des précoces.
Au total, les doses vendues atteignent cette année 5,2 millions, contre 4,6 l’an dernier. En grain, le marché grimpe à 2,84 millions de doses (+ 18 % environ). « Le maïs grain redevient donc dominant par rapport au fourrage (2,4 millions de doses), une situation qui ne s’est pas vue depuis plusieurs années », souligne Laurent Loncle, chez Advanta.
2025 : retour à la normale
Pour 2025, la plupart des semenciers anticipent un rééquilibrage des assolements, et donc un recul des surfaces en grain. « Si les conditions sont bonnes, les agriculteurs vont semer beaucoup de céréales à paille cet automne pour la rotation et le stock de paille », anticipe-t-il. La sole redescendra-t-elle au niveau de 2023, historiquement bas ? Si certains semenciers l’envisagent, d’autres sont plus optimistes et espèrent que tout ce qui a été gagné cette année ne sera pas entièrement reperdu. D’autant plus que les rendements s’annoncent bons cette année, comme l’an dernier. Selon une première tendance, le maïs grain diminuerait d’environ 10 % en 2025. Le prix du maïs et le coût de séchage seront toutefois déterminants pour motiver les producteurs à en faire l’année prochaine ou pas. La sole de maïs ensilage, elle, se stabiliserait, voire perdrait 1 %. « Il devrait y avoir du stock de fourrages dans les fermes, les maïs de l’année sont plutôt beaux et il s’est fait beaucoup de récoltes d’herbe », explique Carol Humeau, de LG Semences. Par ailleurs, si les récoltes en grain sont trop tardives cet automne, des éleveurs pourraient tout mettre dans les silos et donc constituer des stocks. Ils sèmeraient donc moins de variétés d’ensilage en 2025.
Pioneer en tête
Du côté des entreprises, Pioneer garde la tête du classement sur le marché français, avec une part de marché en hausse à 21 % (plus d’un million de doses vendues). Bayer-Dekalb se positionne à la deuxième place et renforce aussi sa PDM qui atteint 17 %. Ces deux leaders devancent KWS France (10,3 %, en hausse) et LG semences (10 %, stable). Puis viennent Advanta (9 % au total, 15 % en fourrage), Lidea (entre 8 et 9 %), Semences de France (6,5 %), RAGT (6 %), Mas Seeds (3 %), Brevant (2,5 à 3 %), CS Pro (2,4 %), Syngenta (2,3 %), Energy seeds (1,8 %), Cérience (1,3 %) et Saatbau (1 %).
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